Comprendre le cycle azoté en aquariophilie
La compréhension du cycle azoté est fondamentale pour la maîtrise des techniques de l’aquariophilie.
Les poissons, dès leur arrivée dans l’aquarium commencent à produire une quantité importante de déchets organiques, notamment de l’ammoniaque très toxique, à travers les excréments, l’urine, la respiration. À ces déchets s’ajouteront éventuellement ceux issus de la nourriture non consommée, de la décomposition des feuilles … Les déchets organiques sont dans un premier temps transformés par des bactéries en ammoniaque, une toxine très dangereuse pour tous les habitants de l’aquarium si elle n’est pas éliminée. Le cycle de l’azote représente les transformations que cet ammoniaque va subir pour être transformé finalement en nitrates1, nettement moins toxiques : ce “traitement biologique” passe par l’action de milliards de bactéries qui vont l’utiliser comme source d’énergie …
Un premier type de bactéries, appelées Nitrosomonas se chargent d’abord de transformer l’ammoniaque (NH3-) très toxique en nitrites (NO2-) un peu moins toxiques; une deuxième catégorie de bactéries appelées Nitrospira va enfin transformer les nitrites en nitrates1 (ceux-ci étant peu toxiques sauf à de hautes doses et sur le long terme pour les poissons rouges).
Cette série de transformations s’effectue de manière constante et “en boucle” dans l’aquarium (du moins tant qu’il y aura du “carburant” pour nos bactéries) : c’est pourquoi on parle de “cycle azoté“.
Le problème est qu’au début, un nouvel aquarium est quasiment stérile : les bactéries ne peuvent donc pas faire correctement leur boulot de “nettoyage” puisqu’elles sont encore trop peu nombreuses … Résultat : l’ammoniaque et les nitrites toxiques s’accumulent : on parle alors de syndrome du nouveau bac.
Ce n’est qu’au bout de quelques semaines après la première mise en eau que les bactéries sont établies en nombre suffisant pour traiter efficacement les déchets : la mise en place du cycle azoté est alors achevée et le filtre de l’aquarium est mature (zéro ammoniaque et zéro nitrites = poissons rouges en bonne santé 🙂
En cas de syndrome du nouveau bac, il est indispensable pour la santé et la survie des poissons :
- d’effectuer fréquemment des changements partiels d’eau afin de diluer la concentration en ammoniaque et en nitrites dans l’aquarium. Des tests bon marché sont disponibles dans toute bonne animalerie : faciles à utiliser et instantanés, ces kits vous permettront de savoir si votre bac a un taux anormalement élevé d’ammoniaque ou de nitrites et de décider quand un changement d’eau est nécessaire;
- de nourrir le plus raisonnablement possible les poissons afin de limiter la quantité de déchets produits dans l’aquarium;
- de toujours avoir une population réduite de poissons pour commencer afin que le le filtre puisse s’adapter progressivement à la production de déchets.
- de bien oxygéner l’aquarium (avec un aérateur si nécessaire) car les bactéries Nitrosomonas sont aérobies, ce qui signifient qu’elles ont besoin d’oxygène pour vivre et se multiplier.
- vous pouvez également ajouter des activateurs de bactéries du commerce, de type Biodigest de Prodibio, Tetra Bactozym ou Denitrol.
Il faut par contre:
- éviter de rincer la mousse du filtre avec de l’eau du robinet : le chlore contenu dans l’eau du robinet est un bactéricide puissant. Afin de préserver les bactéries du filtre, il est donc important de rincer la mousse du filtre uniquement avec de l’eau puisée dans l’aquarium;
- éviter de rajouter de nouveaux poissons tant que le cycle azoté n’est pas en place : patience !
- éviter de mettre trop de poissons dans l’aquarium ou de choisir un aquarium de volume trop faible.

Le cycle azoté dans l’aquarium / Crédit : modification et traduction en français d’après une illustration originale de Eliashc et Ilmari Karonen (domaine libre).
Le graphique ci-dessus illustre la montée rapide de la concentration en ammoniaque suivie d’une chute brutale qui montre que les bactéries Nitrosomonas se sont multipliées et ont réduit l’ammoniaque en nitrites. Ceux-ci augmentent alors très rapidement (c’est le pic de nitrites) : les bactéries Nitrospira prennent alors le relai en transformant enfin les nitrites en nitrates. Il est impossible de donner un taux ou une échelle de temps précis car ces valeurs varient fortement d’un bac à l’autre.

Montée des toxines dans un nouvel aquarium
La mise en place du cycle de l’azote sans poisson (‘fishless cycling’):
Cette méthode alternative de mise en place du cycle de l’azote est de loin préférable car elle n’implique aucun risque potentiel pour le(s) premier(s) poisson(s) dans la mesure où ils ne sont pas encore là !
Il s’agit de substituer aux déchets qui auraient dûs être produits par les premiers poissons d’autres déchets: le principe est d’ajouter au bac sans poisson de l’ammoniaque pure (attention: il s’agit d’un produit très irritant) en petites quantités (généralement jusqu’à atteindre un taux de 5ppm) afin de permettre aux bactéries responsables du cycle de se développer. Alternativement, au lieu d’ammoniaque pur, on pourra tout simplement ajouter au bac vide un petit morceau de poisson ou bien de moule, qui fourniront la “matière première” nécessaire au lancement du cycle azoté (cette méthode est moins précise mais aussi efficace).
Testez deux fois par semaine le taux d’ammoniaque et de nitrites de votre eau (tests du commerce). Au bout de quelques semaines, une fois les taux d’ammoniaque et de nitrites redescendus à 0mg/litre, vous pourrez mettre votre premier poisson.
Pour plus d’informations sur la mise en place du cycle de l’azote sans poisson, cliquer ici (lien externe).
Pour accélérer / faciliter la mise en place du cycle azoté, il est également possible d’ajouter à l’eau du bac des concentrés bactériens du commerce, de type Biodigest de Prodibio, Tetra Bactozym ou Denitrol de JBL.
Les nitrates ne sont nocifs pour les poissons rouges qu’à hautes doses (dysfonctionnements de la vessie natatoire à long terme, croissance ralentie) mais de petits quantités peuvent suffire à alimenter une grande quantité d’algues ! Les nitrates, le produit final du cycle de l’azote, peuvent être réduits significativement de deux façons : en procédant à des changements partiels de l’eau régulièrement (une fois par semaine ou par quinzaine) et en plantant l’aquarium (les nitrates sont partiellement absorbées par les plantes, qui leur sert d’engrais).